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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 19:44

ninon-robe02

 

 

21 heure,

terrasse du Pause Café.

Le soleil brille encore, les oiseaux chantent, il fait doux et je porte une robe qui m'arrive juste en dessous des fesses.

 

On appelle ça le printemps parisien.


Avant de retrouver ma fidèle amie Marie pour un ou deux kir pêche, j'ai rangé le Loup avec précaution dans la valise "HIVER" en compagnie des écharpes, Uggs, moufles, cachemires...

A l'année prochaine mon Loup!


A moi les micro short, les mini jupes, les tops ouverts dans le dos, les bikinis, mes havaianas!

Mon corps veut rendre fou le commun des mortels. Tout le quartier et même plus encore devra remarquer à quel point l'entraînement quotidien au Club Med Gym et le récent bronzage israélien font de moi la célibataire la plus sexy de la rue de Charonne.


D'où la petite robe de ce soir là. Une petite robe grise en coton, toute simple avec des volants en bas. Une petite robe possédée par le Diable en personne.

 

Ma copine-voisine insista pour que l'on se rende à une grosse soirée dans le squat de la Rue de la Banque.

 

Ninon Gold est ouverte à toute proposition.

 

Arrivées devant l'immeuble, il s'agit de grimper six étages à pied dans le noir le plus complet. Je m'attends à croiser une horde de morts vivants à tout instant mais apparemment, les lieux sont surs. Ouf. J'ai évité une fin sanglante. 

Sixième étage, nuage de fumée de cigarette, drum n bass à fond et une centaine de silhouettes qui virevolte dans une affolante obscurité.

Direction le bar.

Boisson unique. Vodka, redbull. La boisson qui rend fou. Je me tourne vers Marie pour lui servir un verre. Marie a disparu. 


"Tu me sers un verre, Poupée?"


Ça fait plouc, mais j'adore qu'on m'appelle poupée. Lorsqu'il m'arrive de prendre la vie au premier degré, me comparer à une poupée pourrait complètement me faire craquer.

Je regarde attentivement l'homme qui me fait face. Je lui sers son verre et remarque ses points essentiels. Grands yeux, long nez, bouche sensuelle, chevelure abondante. Premier casting passé avec succès.

 

Je fais donc connaissance avec Charles, avocat spécialisé en droit des affaires qui vit seul, rue de la Roquette avec son chat blanc. J'aime les chats blancs. Décidément, il a ses chances.

Le voilà qui se met à complimenter ma "robe de poupée", d'où l'expression employée un peu plus tôt. Il pose sa main sur ma hanche prétextant un toucher de coton. Ça ne me déplaît pas. Je lui propose même de toucher les volants. Voir ses longs doigts caresser la matière laisse présager une suite des plus intéressante.

Charles lève son verre à la santé de ma robe et en avale le contenu cul sec. Je le suis avec entrain.

Charles me fait rire. J'entends un mot sur deux, certes, mais, douée en déduction, j'arrive à deviner ses fins de phrases. 

Il se rapproche de moi et effleure ma cuisse.

"Tu n'as pas de collant!"

Et non mon Charlot, c'est le printemps et Ninon Gold a rangé son Loup! Méfie toi, elle va te croquer!

Le jeune avocat dégaine son portable, un iphone 4G tout juste importé des states et insiste pour que l'on se prenne en photo. Je trouve ça chou et pendant que je fais la pause, je m'évade dans mes pensées. 

Et si c'était Lui? Le Bon. L'Homme de ma vie. Tout simplement.

(Avec du recul, Monsieur le Procureur, je peux vous avouer que c'était la vodka redbull qui m'était montée à la tête).

 

Tout en faisant mine de l'écouter, je repense à la phrase clichée qui énerve toutes les célibataires "Ça t'arrivera au moment ou tu t'y attendras le moins". J'ai peur.

La phrase dit vrai!

Effectivement, ce n'est pas au sixième étage d'un squat que je me serais attendue à rencontrer l'homme de ma vie.

Suis je prête à mettre un terme à ma vie de célibat dès ce soir? 

Ai je envie de partager ma couche et ma crème de jour avec un homme pendant plus d'une semaine? Suis je prête à accueillir son miauleur qui va coller ses poils blancs sur tous mes vêtements noirs?


Ou est Marie bon sang? Au secours! Cellule de Crise. Now!

Charles et moi trinquons une énième fois à la santé de ma robe. Je simule le cul sec. Soudain, ce sont les longues nattes blondes de Marie que je crois discerner au loin. J'ordonne à Charles de ne pas bouger et brave le nuage cancéreux.

Je dois avoir l'avis de ma copine. Les mecs c'est comme les jeans, c'est toujours mieux d'avoir l'avis d'une copine qui nous connaît bien.

 

Je la chope par le bras et la traîne vers le bar sauf que je réalise que Charles n'y est plus.

 

Je suis triste.

Marie me regarde interdite. 

La musique est trop forte. Pas envie de me casser la voix à lui expliquer que je viens de perdre l'homme de ma vie, un jeune avocat qui aime ma robe et les chats. Je dois partir à la recherche de Cendrillon et décide de m'aventurer dans les méandres du sixième étage.

 

En chemin, je me fait alpaguer par un immense bonhomme au visage brave qui doit se plier en quatre pour arriver à mon niveau de demi portion. Il a un regard d'homme bon et sincère.

Le Saule Pleureur pose sa paluche sur mon épaule et me postillonne dans les oreilles en me disant que ma robe est digne d'un Oscar et qu'il aimerait la posséder. Je ris mi nerveusement mi bêtement, vodka redbull oblige.

Le Saule Pleureur a été infecté par la vodka redbull.

Je file comme une fouine prétextant quelque chose d'inaudible.


Le temps passe et je décide d'arrêter les recherches. J'en conclu que je ne devais pas vraiment plaire au jeune avocat plein d'avenir et part chercher les toilettes.

 

Je prends mon courage à deux mains et descends deux étages. Je remarque une toute petite porte ambiance Barbe Bleu "Ne rentre jamais dans la pièce du fond". 

Je suis un chat curieux, je m'approche mais hésite à aller plus loin car une grosse godasse encastrée dans un extincteur me barre la route.

Au moment ou je fais machine arrière, mon cerveau m'informe que la chaussure n'était pas seule. Effectivement, il y a la cheville qui va avec. Je m'avance, la cheville se transforme en jambe. Deux jambes. Un clodo a l'air de dormir, ici. Sauf que le pantalon bien coupé et la paire de chaussures en cuir me poussent à m'approcher encore un peu.

Je m'avance à pas de loup. Une odeur de vomi envahit mes narines. L'homme dort dans sa propre gerbe. Il est peut être mort d'ailleurs. Je me baisse et c'est là que je vois un objet qui m'est plutôt familier. 

L'iphone 4g qui baigne dans la mare de vomi.

J'allume l'écran de mon blackberry et l'approche du visage. La tête est en angle droit, collée contre la porte vitrée de la douche. Je reconnaîs à mon grand désespoir le doux visage de Charles.

Cendrillon est redevenue citrouille. Définitivement.


En attendant, je suis là, seule, au quatrième étage d'un squat avec feu l'homme de ma vie qui dort peut être ou se décompose entre son vomi et un immonde matelas en mousse de clochard.

Ce brave Charles qui m'a tellement fait rire un peu plus tôt. Ce charmant jeune homme qui a caressé les volants de ma robe. Celui qui m'a presque fait croire en l'Amour. Le voilà croupissant dans une flaque de gerbe orange.

Mon imagination toujours trop développée me propose une envisageable version des faits.


On est au bar, je file chercher Marie. Charles réalise qu'il a trop bu, qu'il va vomir et file aux toilettes. Il dévale les escaliers. Ouvre la petite porte de Barbe Bleue, ne remarque pas l'extincteur au milieu de l'entrée et se prend les pattes dedans.

Et là, pris de surprise, Charlot s'écrase au sol tout en vomissant ses tripes tandis que l'iphone 4G saute de la poche de la chemise. La tête glisse contre la porte vitrée. Dernière giclée de vomi sur l'iphone et le pauvre avocat au chat persan perd conscience, s'endort ou décède.


Retour à l'instant présent et je dois jouer les infirmières courageuses. Je m'agenouille près de lui et le secoue.

Miracle, il ouvre les yeux. Ça me rassure, je n'aurai pas à lui faire de bouche à bouche. Je lui demande s'il se sent bien et voilà que le Charles beugle de le laisser dormir.

Dans un dernier effort, il essaye de choper mes volants. Par chance ma robe est vraiment courte et lui n'a pas assez de force.

 

 

Je me lève d'un bond.


Je n'insiste pas, sors de la salle d'eau et tombe nez à nez sur un jeune homme qui devait sûrement chercher naïvement les toilettes lui aussi. Je lui explique rapidement que "Ci gît Charles dans son vomi. Je ne sais pas quoi faire. Je ne suis pas médecin. J'ai peur. Il va peut etre mourir"

Le malheureux regarde mes cuisses, ça doit lui donner envie de jouer aux super héros car il me dit qu'il "a la situation en main". Je le regarde de mes grands yeux de jeune femelle émerveillée et le gratifie d'un profond "merci".

Il me répond qu'il s'appelle Fabien, qu'il me trouve très charmante et qu'il aime beaucoup ma robe.

Oh! Il ne va pas commencer lui aussi! On a un mec mourant à nos pieds après tout.

Il avoue m'avoir repéré au bar et m'avoir suivi.


Gloups.


Dieu? Je vais mourir, c'est ça? Le Fabien va m'étrangler et me balancer dans la gerbe de Charlot.

Comment aurait réagi la dernière survivante d'un film de Freddy dans cette situation?

"Fabien, je t'en supplie, sauve mon ami. Je te revaudrai ça." J'en ai presque la voix qui tremble.

Le tueur en série me regarde l'air héroïque et se porte à la rescousse de Charles. Tandis qu'il se la joue Urgence dans l'espoir d'épater ma robe, je grimpe les escaliers quatre à quatre pour échapper à la folie masculine.

Par chance je retrouve Marie assez rapidement et la prie de rentrer. 

Et voilà qu'on redescend les escaliers.

Troisième étage, la petite chambre de Barbe Bleue est vide. Ça me fait froid dans le dos. L'extincteur est à sa place. Plus de mourant, plus de vomi ni d'iphone 4G. Fabien alias Dexter a fait un travail de professionnel. Mais... Ou est Charlie?


Arrivées en bas, on croise deux mecs assez mignons qui commencent à nous parler. Je ne les entends pas, je suis un peu inquiète, j'ai quand même abandonné ce pauvre inconnu avec un autre inconnu matteur de cuisses.

Je reprends mes esprits lorsque l'un des mignons me regarde avec des yeux de merlan fris et me dit qu'il aime beaucoup ma petite robe. Je le regarde, effrayée.

J'attrape Marie, on quitte les lieux. MAINTENANT!

Satan s'est il donc emparé de l'âme de ma robe? Moi qui pensait porter une simple petite robe grise avec des volants pour accueillir le printemps... C'est la robe ou la vodka redbull qui les a rendu tous fou?

 

 

Le surlendemain, après avoir vérifié dans les journaux qu'aucun fait divers ne rapportait la tragique histoire d'un jeune avocat retrouvé mort décapité la chemise pleine de vomi dans le squat de la rue de la Banque, je me préparais pour un rendez vous avec un vieux copain de lycée. Il faisait très chaud ce jour là et je me dis que porter cette simple petite robe grise à volants n'était peut être pas une mauvaise idée...

 

 

  ninon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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commentaires

N
<br /> Après les commentaires de l'architecte, de l'alanguis, de l'analphabète et du puceau, que dire? Je n'aurais pas vomi au 3/4ème étage et aurais laissé entrebaillée la porte.... Bravo Ninon !!!!<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Sacré Nashneal <br /> <br /> <br /> A bientôt!!<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Tu me prêtes ta robe...<br /> <br /> <br />
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A
<br /> charme par ci, charme par là, blabla par ici et puis s'en va ! Malgré mon jeune âge, 21 ans, je semble être en mesure de déceller certaines notions assez subtiles dans ce que tu/vous di(s)tes. j'ai<br /> été charmé, enivré par cette histoire, j'espère avoir la chance d'être le sujet d'étude, d'admiration, de critique en tout genre d'une de tes histoires, nouvelle, conte ....<br /> <br /> <br />
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M
<br /> C'est avec plaisir que je t'accueille dans ma communauté "On n'est pas là pour...".<br /> J'ai adoré ton texte, à très bientôt !<br /> <br /> <br />
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D
<br /> mouais... Mlle Gold... C'est toute une école. Les hommes sont des êtres primaires qui ne s'intéressent normalement pas aux bouts de tissus. L'homme de votre vie ne vous aurait jamais dit que votre<br /> robe était belle... Il vous aurait plutôt dit : " Mademoiselle, vos cuisses et vos jambes sont Magnifiques!"<br /> Et il ne se serait pas réjoui de voir que vous n'aviez pas de collants, mais il aurait plutôt manifesté son émotion à découvrir que vous n'aviez aucune pilosité... La beauté de votre aventure<br /> réside dans le fait qu'elle est terriblement féminine. Seule une femme, une vraie, aurait pu écrire ça.<br /> <br /> <br />
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  • : Le Loup, mes histoires et le commun des mortels...
  • : Suivez mes histoires, de cellules de crise en missions à haut risque... Mister Muscle ou Mister Brain? Abandon du Loup pour Bio-Man? Ma robe était elle trop courte? Des histoires de nanas qui plairont à nos amis les hommes... Merci à Sarah Hatooka pour ses illustrations.
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